jeudi 30 juin 2011

Moni Bilè, l’autre artiste du makossa



(Voilà encore un artiste dont la renommée internationale est indissociable des années d’or du makossa camerounais. Par sa touche personnelle, Moni Bilè en aura enrichi et élargi, la palette.)

Le chanteur à la coupe de chevelure en forme de plateau et aux déhanchements makossa aussi suggestifs sur scène, en moins accompli quand même, que ceux du regretté Michael Jackson décoloré des années 2000, a connu ses heures de gloire. Embarqué dès les années 80, dans le même paquebot de luxe que ses collègues de l'âge d'or du makossa, après ses années africaines de traversée du désert, il a largement touché à sa part du gâteau. Il a contribué au rayonnement de l'édifice Makossa. Et par là, à la mise en mouvement festif de la rue camerounaise. Cet espace libre et magique où tout restait encore possible à l’époque, pour la jeunesse. C’est en cela, qu’il convient d’établir la qualité de l’apport de Moni Bilè à ce rythme africain, qui a établit sa notoriété nationale et internationale.

Moni Bilè et la production d’un makossa dansant

La première caractéristique que l’on puisse retenir de Moni Bilè, c’est d’avoir émargé parmi les créateurs d’un makossa dansant. Son style présentait cependant quelques nuances par exemple, par rapport à celui d’auteurs compositeurs tels que Dina Bell, Ben Decca etc., Ceux-ci, plus lyriques, mais surtout, plus rigoureux avec les fondamentaux du makossa. En effet, plutôt que de s’en tenir aux textes de ses chansons, qui n’étaient d’ailleurs pas mauvais, mais moins introvertis ou personnels que ceux d’un Dina Bell ou d’un Toto Guillaume, Moni Bilè a semble-t-il, privilégié le langage des instruments, à celui de son vocal.
A la réflexion, on ne lui reprochera pas  cette tendance. Elle ne faisait que souligner, si nécessité  était, de la modestie de sa technique de chant. Celle-ci est loin d’être aussi irréprochable que celle d’un Dina  Bell, Douleur, Jean Claude Mbimbé, Ndedi Dibango ou encore, d’un Jr Nelson.
Il faut dire que l’époque des années 80, se prêtait merveilleusement à la mise en branle de ce makossa dansant, lorsqu’il n’était pas simplement tonitruant, mais toujours inspiré. Sous le fait d’une certaine stabilité sociale et économique, constaté au Cameroun, dans ces années 80, les jeunes de la ville prenaient encore leurs aises dans les bals publics qu'ils organisaient un peu partout dans les quartiers. De jour tout comme de nuit. L'occasion faisant l'affaire ou le larron, on les retrouvait à faire la fête à l’occasion de cérémonies de baptêmes, communions, confirmations ; les réunions et autres associations et Bands de jeunes ; de remises de diplômes, de fêtes traditionnelles etc., Attitude festive autant partagée par leurs aînés qui étaient des fidèles, des accrocs des bars, circuits, night-clubs, et snacks.
Ce qui nous amène à constater que c’était aussi l’âge d’or des lieux de plaisir, ouverts tard dans la nuit à Douala. On ne manquait jamais de remarquer que ces nombreux lieux de décompression des foules, ne désemplissaient pratiquement pas !
Et afin d’entretenir cette effervescence venant de populations qui se voulaient intensément, « manger la vie », sous le soleil et les nuits chaudes de cette partie du pays, il fallait donc qu’en face,  les opérateurs économiques chargés de leur donner la réplique, de les faire tenir en haleine dans la rue, soient à même de répondre à leurs multiples sollicitations !
Les brasseurs de bières et d’autres spiritueux, avec des chiffres d’affaires faramineux, malgré le faible pouvoir d’achat des citoyens, tiraient aussi et surtout leur épingle du jeu. Il en était de même pour les restaurants, les circuits, les tournedos et autres pourvoyeurs des plaisirs de la bonne chair.
L’offre musicale générale, avec des chanteurs comme Moni Bilè, et d’autres, nés de la mouvance des années d’or du makossa, dont l’originalité des propositions était capable de vous faire tenir toute la nuit dehors, ne pouvait que trouver là, un terreau favorable à son épanouissement. C’est depuis cette époque dorée des années 80 que la ville de Douala a été qualifiée de « ville qui ne dort jamais ».
C’est autour de ce contexte euphorique qu’apparaît Bijou, cette pièce musicale fortement syncopée. Le vocal de Moni Bilè y survole de part et d’autres, des chœurs et des instruments à vent parfaitement synchrones. Il n’y a rien à en redire !  En ces années 80, la griffe Moni Bilè venait de s’installer dans le monde du showbiz camerounais !
 Bijou : Nous nous sommes tellement aimés avant ton mariage/ Nous avons pris tant de plaisir avant la survenue de ton nouvel amour/ Pourquoi me cherches-tu maintenant ? Que me veux-tu ?/Tu me cherches des problèmes/ Des ennuis/ Tu as de l’argent/ Vous êtes riches/ Moi, je ne suis qu’un pauvre type/ un pauvre débrouillard !Je n’ai rien pour l’égaler/ Il t’a construit une maison/ il t’a acheté une Mercedes/ Et moi, qu’ai-je jamais pu t’offrir ?/ Tu veux me causer des problèmes/ Des ennuis/

(A suivre)
©Essombe Mouangue 2011

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Pour tout travaux de presse book, de portrait d’artiste, de représentation d’artiste, etc., Contactez Essombe Mouangue à ce numéro de tel : 33 02 21 82- Douala Cameroun


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