lundi 11 juillet 2011

Moni Bilè (suite), l’autre artiste du makossa



(Bijou, Chagrin d’amour et Osi Tapa lambo lam, les titres à succès de Moni Bilè qui rejoignent ceux des meilleurs interprètes de makosssa)

Prenant donc le taureau par les cornes, pour répondre au contexte général favorable dans ces années 80 à l’épanouissement de l’expression musicale locale, Moni Bilè allait produire, redisons-le, un makossa dansant, sans trop de fioritures. Autour d’une thématique qui colle à sa personne. Une thématique qui est habituelle chez les principaux crooners du makossa. Dans celle-ci, on n’est pas loin des préoccupations quotidiennes de l’intéressé, et surtout des rapports, du fonctionnement amoureux des uns et des autres.
Et tout ce déploiement musical était servi par une équipe nationale[1] du makossa, au sommet de son art. L’une des caractéristiques principales de ce makossa made in Moni Bilè, par l’entremise évidemment d’arrangeurs tels que Aladji Touré et Toto Guillaume, était de faire la part belle, côté instrumentation, aux cuivres, aux chœurs et à la basse.
Il n’est d’ailleurs besoin de souligner l’importance des cuivres et des chœurs dans le makossa des années 80. Il serait même pratiquement impossible de concevoir ce rythme, sans la participation de cette section cuivre, dont les ténors étaient incontestablement,  Jimmy M’vondo M’velé, Tétè Fredo, Kom Roger, Féfé Priso, etc.,  leur rôle était de relever, de dynamiser la texture musicale générale qui reposait au préalable sur les percussions et la guitare rythmique, bases traditionnelles du makossa.
 
L’importance des chœurs dans la musique de Moni Bilè

De même, l’utilisation des chœurs chez Moni Bilè, dont l’habileté première n’est pas la qualité du vocal, allait avoir un rôle prépondérant dans sa geste. Des chœurs, à forte dominance féminine,  dont les temps de chant, correspondent pratiquement, à ceux du lead vocal,  interviennent dans son œuvre comme une partie totalement autonome. Ceux-ci sont chargés d’apporter de la répartie, de l’aération au temps de chant, du leader vocal, qui s’efface le plus souvent, sous la force de leur proposition lyrique, bien plus accomplie que la sienne. Ces compositions seraient d’ailleurs déséquilibrées et sans grand intérêt si on décidait d’en enlever la partie exécutée par ce chorus.
Cette construction du makossa basée sur des chœurs omniprésents, apparaît aussi chez Pierre De Moussy, Marcel Tchayé et chez d’autres thuriféraires du makossa des années 80, qui en ont usé et abusé. Avec plus ou moins de réussite pour certains d’entre eux. En ce qui concerne Moni Bilè, la réussite est au rendez-vous avec des titres tels que Bijou, Chagrin d’amour, O si Tapa lambo lam, etc., 
Titres qui hormis la forte utilisation des chœurs, fonctionnent aussi sur les « règles » d’un makossa à rallonges, dont on retrouve les traces dans plein de makossa à succès. Ceux-ci, évidemment exécutés par les leaders incontestés de ce rythme du terroir. Dina Bell avec Mbemba iyo, Ben Decca avec Amour à sens unique, Pierre de Moussy avec Ndolo l’amour, Jr Nelson avec Bomele mba ne nde tonon, Jc Mbimbe avec Dina Lam, Esther de Ndedi Dibango etc.,
En ces années 2010, redisons-le, l‘interprète qui semble le mieux exploitée cette veine musicale  des aînés, est Joly Priso. Dans son album solo, il nous propose des pièces aussi honorables et aussi bien finies que celles de l’époque de l’âge d’or du makossa.
O si tapa lambo lam : Ne touche pas à ce qui m’appartient/Ne touche pas à celle qui me tient tellement à cœur/Ne touche pas à mon amour/Ne touche pas à ma chérie/Pourquoi faut-il, lorsque j’ai une aimée, qu’il te vienne l’envie de te l’approprier ?/ Seras-tu capable d’endosser les conséquences de ton action ?/ Vas-tu pouvoir en supporter les problèmes ?

(A suivre)
©Essombe Mouangue 2011

Consulter : musiquescamerounaises.blogspot.com
essombemouangue.blogspot.com
marevuedepressec.blogspot.com
Pour tout travaux de presse book, de portrait d’artiste, de représentation d’artiste, etc., Contactez Essombe Mouangue à ce numéro de tel : 0023733 02 21 82- Douala Cameroun



[1] L’équipe nationale est ce cercle de musiciens que l’on retrouvait dans la majorité des albums camerounais sortant entre les années 70 et 90. En tête de liste, Toto Guillaume, Aladji Touré, Etc.,

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