lundi 24 janvier 2011

Ben Decca, le crooner forever



(Ben Decca, tout comme Dina Bell, Jacky Ndoumbè, Guy Lobè etc., fait partie de ces chanteurs de makossa qui ont su s’attirer les faveurs du public féminin par la proximité de leurs messages.)


Le makossa se distingue par une diversité de styles due à la coloration musicale spécifique de ces principaux interprètes. Chacun de ces artistes y trouve évidemment matière à satisfaction. Et dans cette profusion de voies ouvertes pour accrocher les faveurs des mélomanes, il est une voie enchanteresse par excellence : celle des crooners ; celle des chanteurs de charme, sensés toucher par la qualité de leur vocal et de leur thématique, la fibre la plus sensible des cœurs. C’est la voie empruntée par ces artistes qui développent une très grande complicité avec la gente féminine, lorsque ce public n’est pas simplement mixte. Ben Decca, le crooner de ces dames,  tout comme Dina Bell ou encore Jacky Ndoumbè, fait partie de ceux-ci. Ben Decca qui est présent au devant de la scène musicale camerounaise, comme tous les ténors du makossa, depuis plus d’une trentaine d’années.
Amour à sens unique. (Un penchant amoureux non partagé est toujours douloureux)/Où est donc l’amour que tu m’avais promis, qui ? moi !? Jamais ! / Tu m’avais pourtant affirmé que toi et moi c’est pour la vie/ Si notre amour n’était qu’une distraction passagère dis-le-moi, mon homme/


La thématique abordée par Ben Decca

La foisonnante discographie de Ben Decca, se caractérise par une attention toute particulière portée aux relations souvent tumultueuses entre les hommes et les femmes. Ce qui l’amène tout naturellement à défendre le sexe dit faible, dans une société camerounaise où les hommes se taillent largement la part du lion.
Il aborde aussi quelques thèmes portant sur la défense du patrimoine Sawa et du makossa face aux autres styles musicaux de la république.
Il se fait aussi remarquer par son énorme production de slows. Il se distingue tout autant par sa collaboration artistique avec quelques-uns de ses confrères du pays.  Nous n’oublierons pas d’aborder la polémique ou le malentendu, qui a installé pendant quelques temps, un froid entre Ben Decca et ses nombreux fans.
Alanè Mba. (Si tu ne peux plus être avec moi, cela me fera beaucoup de mal/ Ils ont prétendu que je suis un débauché de l’amour, Ils ont fait de moi un papillon de l’amour, mais il ne faut pas les croire, car je t’aime, si tu n’es pas avec moi, je suis bien malheureux/ Je vais d’un coin à l’autre pour simplement te retrouver, nuit et jour, tout simplement parce que je t’aime.) 

Ben Decca, le « défenseur des femmes »


Ben Decca apparaît dans le paysage musical camerounais au début des années 80,  dans un maxi 45 tours intitulé Maloko ma kwang. Les mélomanes découvrent un chanteur à la voix fine, très fine même, lorsqu’elle ne paraît pas plaintive, larmoyante même ; on l’a dirait même féminine.  Une technique vocale chaude, passionnée, dévoreuse de mots et aux longues envolées lyriques non habituelles sur le terrain, alors que se met en place entre guillemets, l’équipe nationale du makossa, dont la principale figure de proue est Toto Guillaume.
On s’aperçoit aussi que sur le plan de la thématique, les préoccupations abordées dans ce maxi 45, sont et préfigurent déjà, celles qui vont être développées et revisiter à loisirs par Ben Decca au cours de sa longue carrière, qui est d’ailleurs loin d’être achevée.
Maloko ma kwang  : Lorsqu’il m’arrive de me remémorer nos jeux d’antan, ma chérie en Kaba, moi-même en Sandja, ah ! ma chère famille, je souviens tellement de nos jeux d’antan !
Les relations entre hommes et femmes, ou plutôt la difficile cohabitation entre l’homme et la femme va être examinée et réexaminée tout au long de la quinzaine d’albums commis par l’auteur-interprète. Et dans ces empoignades relationnelles où les hommes tirent souvent avec plus de facilité et d’évidence leur épingle du jeu, Ben Decca choisit de prêter sa voix  aux femmes victimes de ces agissements délétères des hommes. La femme chez Ben Decca n’a donc presque jamais le beau rôle dans le couple. Elle est le plus souvent la proie de la roublardise du mâle trop occupé à assouvir ses propres besoins, qu’à satisfaire les attentes légitimes de sa partenaire.
Quoi qu’on puisse vouloir penser de ce parti pris de Ben Decca quant à la probité de la personne féminine dans la société camerounaise, il devenait donc tout à fait normal qu’il en tire des dividendes sur le terrain. C’est-à-dire que l’on reconnaisse en lui le chanteur masculin, défendant contre vents et marées, l’intégrité physique et morale de la gente féminine. En effet, contrairement à Toto Guillaume, qui l’a en quelque sorte précédé dans la problématique, mais dont la sphère de « contestation » sur la femme, se circonscrit avant tout à la bulle familiale, avec sa mère au centre de celle-ci, et à ses tribulations amoureuses, Ben Decca traite de ces problèmes de manière plus générale et externe à son vécu personnel, semble-t-il.  Et, bien plus que d’autres artistes du makossa contemporain, qui ont voulu lui emboîter le pas en s’autoproclamant « avocat défenseur » des femmes, etc., sans qu’on puisse pouvoir attacher à ces affirmations une démarche véritablement cohérente, Ben Decca reste l’un des seuls chanteurs de makossa à qui l’on puisse attribuer à juste titre ce qualificatif.
  Yetena oa (Je souffre tellement d’être chez toi, mon homme/ La misère me tue chez toi, sans que tu ne t’en émeuves, mon homme/ et pourquoi lorsqu’il nous arrive d’avoir des différents, pourquoi faut-il que tu balances mes affaires hors de notre domicile /Je suis fatiguée, si déçue, laisse-moi partir, mon homme / si j’avais su, je n’aurai pas élu domicile chez toi, car ton but était de faire de moi une poule pondeuse / Laisse-moi retourner chez mes parents, mon homme.)

(A suivre)
©Essombe Mouangue 2010
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